Good-bye Chicago by William R. Burnett

Auteur:William R. Burnett [Burnett, William R.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1981-03-14T23:00:00+00:00

Une chanson d’un romantisme affreusement déplacé dans cet environnement, songea Les Méninges en prenant le chemin du Gold Coast et d’un genre de vie plus conforme à ses aspirations, à ses vœux, à ses goûts, mais qui n’était possible que grâce à des gens comme Degnan et le Grand Mec. Allait-il s’en aller ? Ou, plus exactement, s’en irait-il à temps ?

*

Joe venait de terminer sa vaisselle quand il entendit frapper à sa porte. Joe avait changé radicalement à certains points de vue. Il s’était remis à apprécier vraiment la vie – la nourriture, le vin, la musique, la T.S.F., mais pas seulement en tant que bouche-trous. L’autre soir, il avait sorti son accordéon et joué un air ou deux, surpris de constater qu’il n’avait pas oublié les vieilles chansons telles que « Sorrento » ou « O Marie ». Il envisageait même d’emmener les enfants – tous les quatre – dans les dunes, ce qu’il n’avait pas fait depuis des années. La vie semblait enfin s’ouvrir devant lui.

À la porte, il trouva un vieil Italien d’environ soixante-dix ans, à la mine contrite, qui semblait tout remué à l’idée de faire face au sergent Ricordi, et ne savoir s’il devait sourire ou présenter un visage empreint de gravité. Il en était même incapable de parler. Il tendit un billet à Joe qui lut :

« Mon vieux pote,

Je me suis fait tabasser et je ne peux pas me lever. Tu veux bien venir me voir ?

Dago Al. »

Suivait une adresse.

En voyant l’adresse, Joe reçut un choc. C’était à moins de cinquante mètres de l’endroit où Joe était né – le Vieux Quartier, avec un peu plus loin la Petite Italie et les Cinq Coins légendaires où s’étaient déroulées les sanglantes batailles des premiers grands trafiquants d’alcool clandestin.

— Vous êtes un ami de Giovanni ? demanda Joe, quelque peu perturbé.

— Je suis le père d’Aldo Marconi, répondit le vieil homme.

Joe se creusa la tête. Qui était Aldo Marconi ? Il aurait dû manifestement le savoir. Cela lui revint brusquement. Le jeune Aldo avait connu une brève célébrité dans la région comme coureur automobile sur pistes cendrées. Il avait trouvé la mort dans un terrible accident survenu pendant une course. Mais… cela ne remontait-il pas à près de vingt ans ?

— Ah oui, monsieur Marconi, dit Joe.

— Aldo et Giovanni étaient de grands amis. Je suis allé chercher le Docteur Rienzi pour soigner Giovanni. Le docteur a quatre-vingts ans, il est à la retraite, mais il est venu soigner Giovanni.

— C’est grave ?

M. Marconi hocha la tête.

— Au début, ça avait l’air très grave. Mais vous connaissez Giovanni. Il est très fort et courageux. Il s’en remettra.

Joe mit sa veste et son chapeau et partit avec M. Marconi en direction du Vieux Quartier, situé à environ mille cinq cents mètres. Au début, il ne reconnut pas les rues, puis soudain il eut l’impression de revenir dans son passé et il lui sembla que presque rien n’avait changé ; c’étaient les mêmes maisons, les mêmes sons, les mêmes bruits. Les mêmes rues et ruelles étroites, toujours aussi faiblement éclairées ; les mêmes salles de cinéma de

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